Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme

Maxime Bono

Brasseur

C’est une odeur de céréales, d’orge encore fumante, qui nous accueille sur le seuil de la brasserie Après l’Orage. Nous sommes à Die, tout proche des emblématiques jardins du Perrier, dans le bâtiment communal que la brasserie partage avec l’association de bridge et des jeux d’esprits, au 795 chemin de Chandillon. Devant la brasserie, un mobilier en palette et des braséros sont posés sur un terrain herbeux, ils accueillent tous les deux mois les Diois qui viennent danser lors des soirées festives Après l’Orage.
Publié le 19 février 2025
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Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme

Nous franchissons les portes, Nina sort la drêche (résidus de céréales) encore fumante de la cuve de brassin en inox, Martin s’active à ranger tandis que Maxime se libère pour nous conter les chemins qui l’ont mené à se lancer dans l’aventure de la transformation de l’orge en bières gourmandes jusqu’à cocréer cette entreprise amicale.

Aujourd’hui ces 3 ami.e.s produisent et distribuent localement une dizaine de références de bières aussi goûteuses que différentes. Blondes, ambrées, blanches, stout, IPA, APA, tous les palais sont comblés.

Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme
Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme

Maxime Bono a le sourire accroché au visage, heureux du chemin parcouru, de cette reconversion et de sa vie dioise. C’est un grand bonhomme d’1m82, cheveux bruns enfouis sous un bonnet, 45 ans, père de 3 enfants. Volubile, la blague facile, on le sent attentif, tendre et bien ancré, prêt à se livrer. Il est venu habiter à Sainte-Croix à l’âge de sept ans. Il y fera toute sa primaire et y tissera des amitiés qui perdurent aujourd’hui encore. Son entrée dans le secondaire l’amènera à Valence pour une année de seconde avec spécialité audiovisuelle, avant de revenir au lycée à Die, où il se sent tellement bien qu’il décidera de prolonger la première et la terminale un peu plus que prévu. Ce temps est aussi celui de l’amour, il y rencontre Aurélia, son épouse, aujourd’hui institutrice à Aurel.

Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme

Le bac en poche, ils quittent un temps la vallée pour poursuivre leurs études à Grenoble comme bon nombre de leurs ami.e.s. Maxime a la fibre commerciale ; avec un BTS en poche, il vend et livre des produits surgelés après avoir géré des rayons de supermarchés. Ils partent ensuite à Aix-en-Provence, avant de revenir un temps à Die. Nous sommes alors en 2005, Maxime vient de perdre son père, un choc qui l’amène à se repenser. Le temps de l’orge n’est pas encore venu. Prendre soin, se sentir utile, il repart pour un cycle de 3 années d’études à Lyon et devient éducateur spécialisé en 2009 en même temps qu’il découvre la vie de papa avec la naissance de sa première fille.

Vous commencez à vous demander quand arrive enfin la bière dans la vie de Maxime ? Hé bien, en 2019 ! De 2009 à 2019, Maxime exercera le métier d’éducateur dans différentes structures de la protection de l’enfance, de Lyon à Marignac en passant par Montélimar, Crest et Vercheny. Il garde de ses années étudiantes ce grain de révolte qui le fera changer de structures à plusieurs reprises, s’indigner face aux injustices rencontrées au fil des années jusqu’à décider de quitter l’univers du social pour se lancer avec toutes ses valeurs éthiques dans la production de la boisson la plus sociale qui soit : la bière, nous y voilà !

Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme

Musiciens, randonneurs, ancrés sur le territoire, c’est dans l’émotion, les montagnes, la nature qu’ils quêtent les mots qui auront du sens. 2019-2020, le Covid comme une tempête mondiale ; un énorme orage même sur toute une économie, des remises en question et une évidence poétique pour aboutir : « Après l’orage ».

Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme
Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme

Nous sommes en 2019 ; guitariste à ces heures créatives, Maxime a rencontré quelques années auparavant Martin Mallaret, l’une des voix des localement célèbres « Moonshiner ». Voilà quelques mois que Maxime éprouve l’envie de créer, d’entreprendre, de se mettre à brasser de la bière. Il s’en ouvre à Martin, à l’écoute de nouvelles opportunités professionnelles, pour qui se lancer dans cette aventure avec un ami est une évidence.

Les deux compères ne tergiversent pas longtemps et décident de créer tout d’abord une microbrasserie, avec ses cuves de 80 litres touillés au fourquet dans la cave de Maxime à Marignac. Si les amies les encouragent, que leurs familles les soutiennent, le projet semble un peu fou pour qui sait que, s’ils savent décapsuler, ils ignorent cependant tout du processus de fabrication, des filières d’approvisionnement ou de distribution. La stratégie des petits pas est adoptée : la lecture d’un livre par-ci, des stages d’observations par-là, des tests et des tests encore, et une furieuse envie d’y aller, d’y croire vaille que vaille avec l’innocence du débutant, l’excitation de l’aventurier et la persévérance de ceux qui ont déjà eu à se réinventer maintes fois.

L’engouement de l’entourage pour le doux breuvage est unanime ; c’est une naissance heureuse. Les deux papas doivent alors trouver un nom. Musiciens, randonneurs, ancrés sur le territoire, c’est dans l’émotion, les montagnes, la nature qu’ils quêtent les mots qui auront du sens. 2019-2020, le Covid comme une tempête mondiale ; un énorme orage même sur toute une économie, des remises en question et une évidence poétique pour aboutir : « Après l’orage ».

La première bière « Après l’Orage » sera une blonde, une enivrante éclaircie, une promesse de douceur après une rude journée de marche, un retour à l’apaisement. Pour ses 40 ans, Maxime se voit offrir par Bertrand Vignau-lous, un ami de collège devenu designer, le visuel de l’étiquette : un triangle et un cercle rappellent la montagne, le soleil ou la lune, la silhouette d’un vautour éclaire la symbolique et donne vie au tout. Les férus de logos y verront également le A et le O, acronyme d’Après l’Orage. Graphique et colorée, l’étiquette imprime la pupille comme les bulles les papilles.

Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme
Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme
Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme

Rapidement les deux compères passent à la vitesse supérieure avec des brassins de 200 litres. La brasserie s’enracine dans les esprits diois. Une bière bio, locale, la plus éthique possible : le cahier des charges est fixé. Les journées de travail s’allongent, l’embouteillage et l’étiquetage se font toujours manuellement, une bouteille après l’autre, travail fastidieux et éreintant mais l’excitation et l’envie de réussir, de créer de nouvelles recettes, d’explorer les goûts et le métier les aspirent, les inspirent.

Face à la demande grandissante, avec le soutien de GRAP (Groupement Régional Alimentaire de Proximité), ils investissent dans l’outil de travail et mettent en place la brasserie telle qu’on peut la découvrir aujourd’hui : une cuve de brassage de 1000 litres et 3 fermenteurs, le tout en inox. Les copains viennent les aider à décharger ce matériel du semi-remorque qui le livre : c’est une étape impressionnante où chacun prend conscience du chemin parcouru en si peu de temps et de leur détermination.

Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme
Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme
Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme

Depuis ce jour épique, la brasserie n’a eu de cesse d’améliorer les process en conservant cette envie d’être raisonné et raisonnable jusqu’à brasser 450 hectolitres par an.

100% des matières premières sont achetées en France dont 90% en provenance de la Drôme ! Une partie de leurs houblons (40%) sont produits localement par Charlélie Marce à Montlaur-en-Diois et par Xavier Peyrard et Marie Langlais à Boulc. L’orge drômois, quant à lui, est malté par la malterie ardéchoise « Art Malt Bio ». Les premières bouteilles en verre utilisées provenaient de chez Jaillance, aujourd’hui ils les achètent chez Véralia afin de pouvoir les réutiliser grâce au process de nettoyage mis en place par « Ma bouteille s’appelle revient » à Chabeuil. En 2023, c’est plus de 10 000 bouteilles qu’ils ont pu ainsi réutiliser. Même la drêche est valorisée, à la ferme des Bourbous à Gigors-et-Lozeron où elle sert à nourrir en partie les bêtes.


40% de l’électricité utilisée est produite localement par dwatts, et enfin 80% de leur production est vendue dans un rayon de 50kms.

Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme
Maxime Bono - Brasserie Après l'Orage - Die Drôme
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L’écologie est aussi humaine. Avec l’arrivée de Nina en 2022, ingénieure agronome, le rythme de travail est repensé, chacun peut retrouver du temps en famille. La semaine de quatre jours est mise en place et la réunion du lundi matin permet, après une petite météo dioise de chacun, d’aménager les tâches de la semaine en ménageant les corps et les humeurs.

Ce portrait pourrait continuer avec le détail de chaque étape de fabrication de la bière, du brassage à l’embouteillage, de la fermentation aux passages en chambre chaude puis en chambre froide, de la mise en fût ou encore du nettoyage minutieux des lieux. Cette histoire est passionnante et vous pouvez vous la faire conter directement sur place lors d’une des soirées festives qu’organise la brasserie où les DJs se relayent pour vous faire danser.

Vous pouvez trouver les bières Après l’Orage un peu partout dans les commerces et restaurants du Diois. Maxime se régale ces derniers temps avec une blonde de fin de journée fruitée et légère, Martin se délecte du parfum de cacao de la Stout et Nina d’une English car, contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, elle est 100% locale. Quand on demande à Maxime ce qui l’anime aujourd’hui dans ce nouveau métier, il met en avant les liens qu’il tisse avec les acteurs du territoire, la joie d’entreprendre, la mise en œuvre de ses valeurs dans un produit fini de qualité, les livraisons qui lui permettent de rester ouvert aux paysages.

La brasserie va-t-elle grandir encore ? Si tel doit être un jour le cas, cela se fera lentement, en ménageant équilibre familial, besoins du territoire et envie des 3 brasseurs qui prennent soin, au quotidien, de leur amitié.

Envie d’en savoir plus ? Vous pouvez découvrir la brasserie sur internet ou vous rendre directement sur place : la brasserie est située au 795 chemin de Chandillon à Die.

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