Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme

Romain Hugo

Tourneur sur bois

À Die, au 19 rue de l’Armellerie se niche une belle devanture en bois. L’enseigne indique « L’Armellier, tournage sur bois ». La vitrine met à l’honneur le travail de Romain Hugo, 37 ans, tourneur sur bois, qui succède à Jean-Paul et Laurence Empi dont certaines créations conservent une place de choix dans l’Atelier.
Publié le 3 décembre 2024
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Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme

Une fois le seuil franchi l’univers de Romain se dévoile. Il est à l’œuvre sur son tour. Une sphère en genévrier prend forme sous les copeaux. La casquette se redresse, le grand sourire avenant porté par une barbe rousse fournie nous souhaite la bienvenue dans son antre. Il retire ses lunettes de protection, stoppe le tour et nous conte son histoire. Le bonhomme est bavard et nous sommes très curieux !

Belge, né dans une famille où le cirque est très présent, il se met au diabolo, à la jonglerie et en fera tout naturellement son métier.  C’est l’envie de jongler avec un diabolo en bois qui l’amènera progressivement vers l’art du tournage, il y a 7 ans.

Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme
Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme
Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme

Romain et sa compagne arrivent à Die en 2019. C’est en quête d’une école pour leur fils qu’ils posent leurs valises dans la vallée. Le fils trouve l’école qui lui convient et le père ses mentors. Durant le confinement, son activité de circassien s’arrête totalement. Il en profite pour tourner plus ardemment dans son garage-atelier. Romain rencontre alors Jean-Paul et Laurence qui lui distillent conseils et savoirs, lui donnent des petits exercices pour progresser puis finissent par lui proposer de leur tourner quelques pièces pour la boutique. Les amitiés se scellent, le métier se transmet.


Romain intègre la très réputée « École Escoulen » à Aiguines, dans les gorges du Verdon. Il lui a fallu trois années pour rassembler la somme nécessaire au financement de cette formation d’excellence. Le soutien de sa compagne et de sa famille lui a également été indispensable pour mener à bien ce nouveau projet de vie. C’est avec sérieux et envie qu’il y apprend les subtilités du métier. Il en sort major de sa promo avec deux pièces majeures visibles dans la boutique : le premier trembleur texturé de France ainsi que sa pièce d’examen, une « planche de BD » toute de bois tournée contant les aventures d’un robot en errance galactique. Le trembleur est une pièce de maîtrise demandée aux compagnons que l’on peut observer chez de nombreux tourneurs.

Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme
Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme
Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme

Lorsque que l’on interroge Romain sur la pièce qu’il préfère tourner, il répond volontiers les sphères, forme parfaite, galbée, qui lui rappelle autant ses balles de jonglage que les planètes où son esprit l’emmène et que l’on retrouve sur ses mobiles suspendus dans l’espace d’exposition.

Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme

De retour de formation, il acte avec Jean-Paul le rachat progressif de l’atelier, du matériel et du stock de bois impressionnant que nous découvrons dans les caves du bâtiment. Romain prend un tronc et nous explique la différence entre le duramen et l’aubier, le cœur qu’il faut identifier et retirer afin d’éviter les fentes, les nœuds, les loupes, le temps de séchage du bois avant utilisation. L’if, le noyer, le buis ont sa préférence. Nous apprenons que seule une bonne trentaine d’essences sont autorisées en France pour créer des pièces alimentaires.

Romain se remet au tour, il installe une ébauche de sphère entre la contre-pointe et la matrice et lance la machine. Derrière lui une impressionnante rangée de gouges est alignée. Il a lui-même tourné certains manches et forgé quelques-uns de ses outils. Les gouges sont au tourneur ce que le stylo est à l’écrivain, un outil indispensable pour donner forme à son imagination. Elles servent à trancher, racler, gratter le bois, lui donner vie. En se tenant à côté de lui, on peut observer qu’en tournant sur son axe, l’ébauche de sphère laisse apparaître la forme finale souhaitée. C’est un effet d’optique qui dessine un « fantôme », comme une légère ombre autour de la sphère que l’on vient « gommer » avec la gouge. C’est surprenant et magique à la fois de voir les copeaux jaillir et l’objet prendre forme aussi « facilement ».

Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme
Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme

Lorsque que l’on interroge Romain sur la pièce qu’il préfère tourner, il répond volontiers les sphères, forme parfaite, galbée, qui lui rappelle autant ses balles de jonglage que les planètes où son esprit l’emmène et que l’on retrouve sur ses mobiles suspendus dans l’espace d’exposition. Dans les dernières commandes étonnantes qui lui ont été faites, il retient « une truffe en bois » qui lui aura demandé plus de 50 heures de travail, une tête de T-rex encore à l’étude et quelques sex toys, parce qu’après tout il n’y a de limites à la création que dans l’imaginaire des commanditaires.


Il sort son carnet de croquis et d’études où sont dessinés et cotés les objets qu’il produit régulièrement et ceux à venir. C’est là qu’il couche ses idées, ses envies, ses projets, qu’il consigne les informations nécessaires pour produire de petites séries à l’image de sa gamme de toupies qu’on ne se lasse pas d’essayer. Il tourne à façon également sur commande tous types de pièces comme des pieds de chaise, de balustrade, d’escalier.

Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme
Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme
Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme
Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme
Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme
Romain Hugo, tourneur sur bois à Die, Drôme

Après ce moment immersif, découvrir les pièces en exposition est un véritable plaisir.  Son histoire personnelle transparaît dans sa production. Lecteur de science-fiction, il donne vie à de petits robots, des fusées et vortex, des mobiles qui flirtent avec les étoiles et ornent le plafond de la boutique. Ses origines belges apparaissent dans les fusées qui rappellent celle d’un illustre dessinateur de bandes dessinées qui donna vie à « Objectif Lune ». Une planète porte un chapiteau, un robot joue du diabolo. Les toupies tournent sur leur manche et leurs corps couverts d’écailles rappellent la peau des dragons. Les bilboquets, eux, semblent provenir de l’espace. Cet univers est aussi rafraîchissant que séduisant, il nous happe et nous transporte ailleurs quelques instants. Une production un peu plus « utilitaire » est également présente ou peut être réalisée sur commande : soliflores, boîtes, saladiers, bols…

Nous ressortons de cet univers chaleureux conquis par cette passion du tournage, la gentillesse heureuse de Romain et son épatante reconversion.
Pour en savoir plus, vous pouvez vous rendre sur son Instagram ou découvrir ses vidéos et tutos sur déjà visionnés plusieurs dizaines de milliers de fois par les passionnés.

Romain Hugo
Tourneur sur bois
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