Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute

Ariane Houdaille

Ébéniste

Au 164 rue de la Mairie à Pont de Quart, sur la gauche en venant de Die, se trouve le hangar où figure encore l’enseigne de l’ancien propriétaire « CF Alu fabrication et pose de menuiserie aluminium ». Si l’enseigne perdure, les propriétaires, eux, ont changé et acheté le lieu en SCI en 2022. Mahel, Clément et Olivier, menuisiers de métier, y ont créé un espace de travail partagé sur les 375 mètres carrés du lieu et y mutualisent le parc de machines indispensable à l’activité. Rapidement de trois, ils sont passés à neuf, adaptant l’espace aux différents métiers manuels qui s’y installent. On y trouve des menuisiers, une céramiste, une ciseleur et Ariane, l’ébéniste que nous venons rencontrer.
Publié le 10 janvier 2025
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Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute

Nous entrons dans le hangar par la petite porte qui s’ouvre sur l’espace café où Ariane nous accueille. Nous posons nos tasses sur un plan de travail en bois massif et échangeons nos premiers mots. Ariane est réservée, peut-être un peu gênée par l’exercice, l’appareil photo et les premières questions qui viennent naturellement. Elle qui passe de nombreuses heures seules à dessiner des croquis, à penser et réaliser des meubles, se retrouve avec deux personnes très curieuses venues lui tirer le portrait.

Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute
Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute

Dans le vaste espace collectif c’est l’heure de la pause. Chacun discute autour du poêle, le moment est convivial. Des planches vernies, des portes fenêtres peintes sèchent tranquillement. Ariane nous emmène à la découverte des machines qu’elle utilise au quotidien : scie sur table, dégauchisseuse, raboteuse, longue bande, tenonneuse et mortaiseuse, cadreuse… Elle nous explique les fonctionnalités de chacun de ces outils et la façon dont ils s’inscrivent dans son activité d’ébéniste.

En tenue de travail, chaussures de sécurité, pantalon d’où sortent réglet et crayon de menuisier, casque antibruit autour du cou et bonnet d’où s’échappent des mèches blond châtain, elle nous livre progressivement son parcours : son amour des beaux meubles est né dans l’appartement de sa grand-mère, Malou, à Paris. C’est avec précision qu’elle raconte les courbes d’une coiffeuse de style Louis XV qui restent gravées dans sa mémoire : ce sont elles qui l’ont amenée à concevoir des objets, des meubles raffinés en bois avec le souci des belles choses. Le mot « ébénisterie » vient d’ébène et véhicule l’idée de préciosité, de meubles décoratifs. Si elle exerce ce métier depuis 9 ans maintenant, cela ne fut pas pour autant évident tout de suite. Elle a tâtonné durant plusieurs années, voulu suivre un parcours universitaire, essayé de multiples petits boulots et fini par se rendre à l’évidence : son épanouissement passerait par la tête et les mains, par la création à travers la matière qu’est le bois.

Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute
Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute
Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute
Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute

Elle a tâtonné durant plusieurs années, voulu suivre un parcours universitaire, essayé de multiples petits boulots et fini par se rendre à l’évidence : son épanouissement passerait par la tête et les mains, par la création à travers la matière qu’est le bois.

Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute

Elle passe alors son CAP ébénisterie, poursuit avec un DMA (diplôme des métiers d’art) à Toulouse, ville où elle a grandi. Sa pièce de sortie d’école sera bien sûr une coiffeuse, contemporaine, design, épurée, sabots de bronze, et peinture aux pigments naturels de lavande et pastel comme un hommage transgénérationnel à sa grand-mère. En sortant de l’école Revel, elle se confronte à la difficulté de se faire embaucher en tant que femme dans un corps de métier où bon nombre d’employeurs pensent encore que celui-ci est réservé aux hommes. Elle fera ses armes durant deux années dans un atelier chargé de concevoir le mobilier de boutiques de luxe. Si l’expérience est formatrice, elle est rattrapée par une triste réalité : on a beau s’appeler Cartier et vendre des produits de luxe, il faut soigner ses marges et tirer les coûts vers le bas en créant des meubles en médium avec de la colle néoprène et autre matière peu couteuse. Ariane ne veut plus construire d’écrins en toc pour des bijoux de luxe, elle souhaite concevoir des meubles bijoux et revenir à l’ébénisterie dans son sens premier. Elle quitte l’atelier avec une solide expérience et l’envie de poursuivre seule son chemin.

Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute

Sa grand-mère, Malou, décède en 2019. Ariane hérite de la coiffeuse et de la 2CV de 1965. Elle décide de partir sur les routes au rythme de son véhicule, une philosophie de vie. Elle se gare à Die et rencontre l’amour lors d’un « Vendredi de Die ». Elle y pose ses valises, ses ciseaux à bois et se met à son compte. L’« Atelier Hirsute » voit le jour avec ses exigences : bois local, pas de solvant, produits à base d’eau, sans alcool ou néoprène ; et, si le bois bio existait, elle le travaillerait.

Ariane nous emmène dans son atelier, une pièce séparée, dans l’espace mutualisé. Le lieu est petit, optimisé, fonctionnel. Sol en béton ciré rouge, aux murs blancs sont suspendus équerres et ciseaux à bois. Les outils électroportatifs sont bien rangés, une pile de planches et de tasseaux attendent d’être utilisés. C’est ici qu’elle reçoit ses clients et imagine avec eux les meubles souhaités. Elle écoute, dessine, choisi avec eux les essences de bois et propose une première ébauche avant de passer à la fabrication.

Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute
Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute

Elle affectionne tout particulièrement de concevoir les tables : celles-ci rassemblent les familles, un plateau et 4 pieds mais mille possibilités nous dit-elle. Les bibliothèques, également, ont une place particulière dans les maisons. Elle aime relever les défis et dit volontiers que l’impossible n’est défini que par les limites de la créativité de chacune. Le jour de notre visite, elle est en train de terminer une petite table élégante en frêne olivier dans son atelier. Frêne olivier, chêne, noyer, frêne, elle aime tous ces bois qu’elle achète en grande partie à la scierie de Chatte, à coté de Saint-Marcellin. L’ébéniste doit s’adapter au bois, à son veinage, à sa couleur et bien le choisir, car c’est toujours le bois qui gagne, c’est un compagnon avec lequel il faut composer.

Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute
Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute
Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute
Ariane Houdaille, ébéniste à Die - Atelier Hirsute

La petitesse de l’atelier ne permet pas de stocker ses créations qui partent chez les commanditaires aussitôt terminés. La livraison du meuble est un de ses grands moments de contentement, une finalité. Ariane nous fait découvrir sur catalogue ses dernières créations et nous invite à aller découvrir à Die le restaurant « Hobo » dont elle a conçu l’intégralité du mobilier ainsi que le « Baraquilles », rue Buffardel , où elle a également mis en œuvre tout son talent pour créer cet univers boisé. Là, vous la croiserez peut-être car, derrière le comptoir, l’un des deux barmans est celui qui l’a convaincu de garer sa 2CV à Die !

Envie d’en savoir + sur Ariane et de concevoir votre mobilier avec l’Atelier Hirsute allez visiter son site internet

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