À peine sommes-nous assis au soleil sur sa terrasse, qu’une brioche fait son apparition pour accompagner le café. C’est la brioche que petit-déjeunent ses enfants nous précise-t-elle en apportant des « brookies », un mélange de pâte à cookies et à brownies qui ressemble dans la forme à un muffin. Adèl, vêtue d’un grand sourire qui illumine son visage enveloppé de cheveux bouclés, commence à se raconter avec un léger accent qui lui vient de Hongrie. Elle y est née et y a vécu dans un petit village, entourée de ses parents et grands-parents. Elle quitte la Hongrie et s’installe en France après l’équivalent du bac hongrois. Quitter sa famille pour partir à l’étranger est courant en Hongrie, presque culturellement ancré pour la génération qui a connu l’occupation soviétique.
Aix-en-Provence, Strasbourg, Marseille et Paris, ses études de lettres modernes et de théâtre l’emmènent à la découverte du pays durant plusieurs années. La naissance de ses enfants sonne la transition de la vie citadine à la nature. C’est à Die qu’ils arrivent en famille, tout naturellement, il y a une dizaine d’années sur un coup de cœur. Ils construisent un nid douillet avec vue sur le Glandasse et sur Justin dans un écrin de nature qu’elle paysage d’arbres de différentes essences.
Elle consacrera les années qui suivent à l’éducation de ses enfants avant de se poser la question de son nouveau devenir professionnel dans le Diois.
Adèl aime cuisiner et prendre soin de sa famille, de ses amis. Les effluves de strudel, pâtisseries familiales hongroises, et le goût du pavot lui reviennent comme une madeleine de Proust. Prendre soin c’est aussi concocter de bons petits plats et lorsqu’on habite au pays de la pâtisserie, des souvenirs d’enfance au Royal Chocolat il n’y a qu’un pas qu’elle franchit rapidement, un « projet-fusée » comme elle le surnomme. En 2020 elle passe son CAP pâtisserie au CFA de Livron. Elle y apprend la contrainte du travail en brigade, la rigueur et l’exigence du métier. Pour son premier stage elle sera accueillie au fournil de Sylvain à Die puis enchaînera chez Bouillet à Lyon, à la Maison du miel et choisit pour terminer d’aller à la rencontre de l’excellence chez Bastien Girard qui fut couronné champion du monde de pâtisserie en 2017.
Son cursus d’apprentissage terminé, elle prend le temps de digérer, de mettre à plat ce qu’elle a découvert et décide d’axer son travail sur une pâtisserie généreuse, bio, familiale, où se mélangent saveurs françaises et hongroises, où le pavot apprivoise le citron confit, la framboise dioise la crème fouettée, le chocolat de Saillans la farine de la vallée et les noisettes de la Carline. Adèl choisit la liberté, épaulée par Marie Michel, co-directrice de GRAP (Groupement Régional Alimentaire de Proximité) dans la mise en place de son projet.
La Mâtisserie d’Adèl voit le jour. Pourquoi Mâtisserie ? Parce que le Diois infuse en elle depuis dix ans, qu’elle a découvert durant sa formation un univers très masculin, et qu’elle affirme ainsi que derrière les babkas, pavlovas, cookies et autres Royal Chocolat, il y a une femme, une maman. Le pâ devient mâ : Adèl est une mâtissière !
Nous faisons coulisser la moustiquaire de son laboratoire de transformation construit à côté de sa maison. Le lieu est petit, fonctionnel. Au centre de la pièce le laminoir et une table en inox, sur la gauche frigo, congélateurs et bacs pour entreposer ses matières premières. Sur la droite un pétrin, un four, un évier. Un peu partout accrochés aux murs, spatules, fouets, marises, cercles inox, moules à gâteaux attendent qu’elle les saisisse. Le rouleau à pâtisserie est là lui aussi, en bois, comme un rappel aux traditions.
Adèl sort une pâte au levain qui a fini de monter. Elle la pétrit d’abord puis la passe au laminoir avant de la poser sur la table en inox farinée. La marise prise en main étale une jolie couche de pâte à tartiner chocolatée, les pépites de chocolat atterrissent par-dessus accompagnées de généreuses poignées de noisettes. Elle roule la pâte sur elle-même pour faire un boudin qu’elle découpe dans sa longueur. Les deux parties obtenues sont tressées et déposées dans un moule à gâteaux puis enfournées pendant vingt minutes. Nous assistons à la naissance de babkas. La babka, « grand-mère » en polonais, est une brioche gourmande et moelleuse agrémentée de différents ingrédients.
Ces vingt minutes sont mises à profit pour remplir les moules à cookies tandis que les premières effluves de cuisson emplissent la pièce. Elle a récemment développé une nouvelle gamme de cookies au sésame noir et citrons confits, graines de courge, gingembre et son désormais incontournable cookie noisettes noix chocolat qui fait une belle partie de sa réputation. Dans le frigo une pavlova, nuage de meringue et de crème foutée couronnée de framboises, attend d’être livrée pour un anniversaire.
12h30, en même temps que le four s’arrête et que les babkas volumineuses et dorées sortent du four, son fils pousse la porte de l’atelier et viens chercher deux œufs pour son déjeuner. La famille n’est jamais loin dans le quotidien d’Adèl autant que ses amis qu’elle régale volontiers.
Où peut-on trouver les délices d’Adèl ? Adèl a commencé à vendre ses produits sur le marché de Die. Rapidement la « Maison Oiseau » à Recoubeau tisse un partenariat avec elle. Adèl participe ensuite à la création de la boutique collective « Le 43 » à Die où elle dépose ses cookies, babkas et pâtisseries fraîches, tout comme à la Carline ou plus récemment dans le salon de thé nouvellement ouvert en centre-ville de Die, la Trobairitz.
Nous quittons Adèl avec le sentiment d’avoir rencontré ce qui fait l’âme de sa Mâtisserie : l’amour qu’on y met, l’envie de donner le meilleur de soi comme on le ferait pour les siens.
Vous pouvez découvrir en images les créations d’Adèl sur compte instagram : @lamatisseriedadel
Pour vos commandes de gâteaux sur mesure, contactez-la au 06 98 19 90 16 ou par mail : contact@lamatisseriedadel.fr